La censure high-tech renforce le régime despotique, machiste et théocratique.
En 1979, un Iranien, journaliste et intellectuel de renom avait eu cette prédiction: « Cette révolution n’est pas exclusivement islamique. C’est une révolution sociale. Le régime du Shah est mort parce que la pratique de la censure était répandue. Si la révolution iranienne fait la même chose et tue la liberté d’expression et de manifestation, elle sera balayée. »
Euh ! Après quarante ans où est l’erreur?
En Iran, on cultive la censure, l’auto-censure, la propagande et le mouchardage; fautes suffisantes pour consolider le despotisme et l’arbitraire.
Le pire dans notre culture est de voir les choses comme on veut qu’elles soient mais pas comme elle sont.
Dans les années 1970, Dans les milieux officiels, on se gargarisait de l’Ère de la Grande Civilisation. Les discours du Shah, discours-fleuves quasi journaliers, martelaient le terme. Les hauts fonctionnaires et les ronds-de-cuir en abusaient jusqu’au ridicule. Les journalistes en rajoutaient. Ces surenchères se trouvent à la une des journaux des années 1970.
La Grande Civilisation, tamadon – e bozorg , nous a conduits, nous les Iraniens, avec notre inconsciente complicité, au djahanam – e bozorg , à l’enfer intégral.
Sur la TV national, la vue du Guide Suprême en turban noir, Ali Khamenei, nous rappelle l’époque du Shah : de la propagande sordide destinée à des crétins. Le ridicule de l’émission n’est pas seulement dans les propos de Son Éminence. Elle est aussi sur le plateau de l’émission : deux journalistes serviles et un « expert » mielleux commentent doctement les inepties proférées par Khamenei, image d’Allah sur terre.
Dans une dictature, l’autocrate n’est pas le pire ; il est dépassé par les journalistes et « experts » lèche-bottes, plus musulmans que Mahomet lui même.
Sous le Shah, la propagande politique n’était guère plus reluisante, mais nous nous en échappions par des divertissements diaboliques comme la musique, la lecture, et le cinéma. Hier, il nous fallait une société parfaite et soumise à la volonté de Sa Majesté le Shah. Aujourd’hui, nous devons être une société parfaite et soumise au fouet de son Éminence, Khamenei.
Bravo ! Nous les Iraniens avons complètement raté notre dernière
révolution comme toutes celles du 20 ème siècle. Et si nous continuons
à faire les imbéciles et à roupiller entre deux révolutions, nous allons
rater la prochaine aussi. Une révolution révèle l’incapacité flagrante
d’une société à s’adapter à son temps et à composer avec l’évolution
des mentalités.
Notre prédiction? Les mollahs s’en iront un jour, le lendemain on léchera les bottes du nouveau despote.