En Iran aucun citoyen est en sécurité entre les mains de la toile d’araignée religieuse.
Depuis la Révolution de 1979, les double-nationaux, irano-occidentaux, sont des pions dans l’échiquier du régime islamique et tyrannique iranien.
La diaspora iranienne a montré une remarquable qualité d’assimilation en Occident. Aujourd’hui, des millions sont double-nationaux, disséminés partout dans le monde, ils prospèrent dans leur profession.
Parmi les Iraniens installés à l’étranger beaucoup ont gardé le contact avec leurs familles en Iran, et leur rendent visite de temps en temps, voyageant avec leur passeport iranien. Un citoyen iranien ne peut visiter le pays qu’avec un passeport iranien. Ils sont iraniens et doivent se conformer aux lois du pays. Par conséquent, les despotes de Téhéran en font ce qu’ils veulent: les laisser en paix, les arrêter sans mise en accusation, ou faussement les accuser pour des motifs de sécurité nationale, ou, d’être des ennemis de l’Islam; comme ils font de même pour la population en général.
Si vous voulez visiter l’Iran, prenez vos précautions. En Iran, il n’est pas important de savoir si vous êtes innocent ou coupable: on arrête d’abord la cible, puis on trouve un motif d’inculpation fabriqué de toutes pièces.
Les double-nationaux visitant l’Iran se sentent naïvement en sécurité et sont trop confiants en la protection de leur nationalité occidentale. La plupart d’entre eux sont totalement déconnectés de la vie sociale iranienne: leur connaissance est limitée aux contes embellis qu’ils entendent de leur famille et des souvenirs du passé. Pendant leur séjour, les familles font de leur mieux pour accueillir leur fils/filles/cousin(e)s qui « vit à l’étranger / kharedj », surtout si le conjoint étranger/khardji est également en visite. Les journées sont remplies d’invitations, de bonne nourriture, et de tourisme. Les facettes désagréables du pays restent cachées: on ne parle pas de la répression, d’exécutions, de difficultés économiques et de la corruption générale.
En quarante ans, combien de fois je l’ai entendu des doubles nationaux: Je vais recharger mes batteries au pays.
Demandez-leur des nouvelles du dernier livre publié à Téhéran, ou le nombre d’articles de journaux lu pendant leur séjour, rarement, sinon jamais, de réponse. Les politiques et la vie sociale ne les concernent pas, et il est préférable de ne pas en discuter et ainsi rester clean aux yeux des agents de répression de la république islamique. Une fois de retour dans leurs foyers en Occident, pris par leur vie professionnelle, ils ne liront que les quelques articles des médias occidentaux … s’ils en ont le temps.
Droits humain vs velayat-e faqih
L’Iran n’est pas le pays de la dolce vita. L’Iran est la propriété personnelle des ayatollahs. Il ne suffit pas de prétendre que l’Iran est un grand pays avec des gens merveilleux, mais un régime répressif. Où commence la répression? Où finit la grandeur? Qu’est-ce que les gens font pour avoir leur mot à dire?
En ce qui concerne les double-nationaux, et certainement pour ceux avec de solides liens familiaux en Iran, la meilleure description en serait la naïveté combinée avec une ignorance béate, de la nostalgie, de l’amour filial, de la tendresse et de la générosité.
Un jour, dans un ciel bleu et serin, le tonnerre gronde: le double-national est arrêté en Iran et mis en un lieu inconnu sans accusations pour plusieurs semaines ou mois. C’est alors que la réalité du pays, une théocratie répressive et une tyrannie islamique frappent fort les familles et les amis: l’Iran n’est pas un pays sûr pour les Iraniens eux-mêmes.
Il ne faut jamais oublier que le citoyen iranien est sous la botte des ayatollahs, chaque minute de la journée, et quoi que l’on fasse ; tout peut être mal interprété.
Les ambassades impuissantes
Dans les jours qui suivent une arrestation arbitraire d’un/dune double national(e), les familles gardent le silence, en essayant d’en savoir davantage et de prendre des dispositions, et faire des arrangements à l’iranienne. Il s’écoule du temps avant que l’ambassade concernée de la double nationalité soit informée. Et l’amère réalité montre son visage: les services consulaires de protection sont refusés aux doubles nationaux; après tout, ils sont iranien.

Ce point est écrit et répété clairement dans les «Conseils aux voyageurs» par les ministères des affaires étrangères. Mais à ma connaissance, un double national n’en tient que rarement compte. Il n’a rien fait de mal, pourquoi s’inquiéter?
Les services consulaires des pays européens pour leurs propres citoyens, à l’exclusion des Iraniens double-nationaux, sont déjà à la merci de la bonne volonté des autorités iraniennes. Dans le cas d’une arrestation, peu importe l’accusation, les autorités iraniennes par les conventions internationales sont tenues d’informer la représentation du citoyen. Une obligation jamais remplie. Souvent, l’ambassade est informée par l’alerte des proches.
Habituellement, le gouvernement concerné par le cas du double-national essaye d’agir sans bruit dans l’espoir que les choses se tassent et que l’ »erreur » soit effacée sans brouhaha médiatique, ce qui est rarement le cas.
Il n’y a pas d’erreur avec les autorités iraniennes.
Des cas d’arrestations, la pointe de l’iceberg, sont à la une des médias occidentaux. Depuis 1979, des centaines ont été rapportés dans les journaux. Ceux avant l’ère de l’internet sont enterrés dans les archives. Avec l’Internet l’information est un peu plus disponible.
Le gouvernement iranien arrête les double-nationaux pour des raisons politiques, souvent pour les utiliser comme moyens de pression et régler des comptes politiques. Le cas est clos quand la rançon est payée. Ni le gouvernement iranien, ni le gouvernement Occidental ne reconnaissent d’avoir reçu ou payé une rançon.
Une fois de retour chez eux, en Occident, le double national est-il suivi pour en savoir davantage sur sa détention? Y a-t-il un récit de ce qui est arrivé? Dans de très rares cas, il y en a, mais peu lu par le grand public. La majorité des «ex-otages» préfèrent se taire et essayer d’oublier.
Dans ces colonnes, nous ne pouvons que le répéter: l’Iran n’est pas un pays sûr pour les Iraniens eux-mêmes résidant dans le pays et faisant connaître leurs pensées, ou, qu’ils soient des double-nationaux en visite.
Depuis l’élection de H. Rouhani à la présidence, le nombre des arrestations parmi les double-nationaux a grimpé en flèche. Depuis que la JCPOA (accord nucléaire) avec l’Iran a été signé, les autorités iraniennes et les machines de propagande ont rempli les journaux européens d’articles sur les charmes du tourisme en Iran, martelant sur la beauté des sites à voir.
En Iran les choses changent, aussi longtemps qu’elles restent les mêmes. Depuis 1979, il y a une ligne tracée par l’ancien Guide suprême, R. Khomeini, qui a été poursuivi et affiné par les hautes sphères de la théocratie. Malgré quelques changements cosmétiques et tactiques quant à la façon dont elle a été poursuivie, les bases et les dogmes ne sont pas modifiés. Les hommes publics sont issus d’un cercle de confiance proche de la Valiy-e Faqih, le Guide Suprême
Pendant les quatre dernières décennies, les Iraniens à l’étranger s’en sont pris à eux-mêmes et ont mené une guerre larvée les uns contre des autres. Ils n’ont jamais été tenté d’unir leurs forces.
Aujourd’hui, la possibilité d’un changement de régime en Iran n’est pas envisageable. La myriade de petits groupes (certaines avec moins d’une douzaine de membres) n’ont eu de suivi, ni l’étranger, ni à l’intérieur.
Avant l’élection présidentielle de 2009 (2e mandat d’Ahmadinejad), les médias occidentaux désespéraient de trouver des personnalités d’opposition, crédibles, à interviewer. Pour les élections de 2013 (H. Rouhani), les possibilités étaient encore plus minces, et l’on s’est focalisé pour l’élection d’un «président pour le changement ».
Quel changement!
Dans cette dernière décennie, la diaspora n’a pas été fiable pour fournir des informations sûres et vérifiables de l’Iran. Grâce à l’Internet, le nombre de sites d’informations spécifiques à l’Iran est en augmentation; mais leur audience est petite à l’étranger et nulle en Iran.
Mythes, Omertà et « Confession »
Pendant de nombreuses années, la diaspora a réussi à produire une vision idéalisée de la vie en Iran basée sur des histoires embellies et racontées par les aînés. Un point de vue qui ne doit pas être remis en cause et questionné, surtout quand un Iranien est présent.
Les Iraniens résidents au pays seront arrêtés et détruits. Il n’y a pas d’espoir pour eux. Les double-nationaux seront arrêtés, resteront au secret, avec l’ espoir de rentrer chez eux et réunis avec leur famille, sains et saufs, grâce à la pression internationale, et une fois qu’ils ont signé des «aveux» forcés et bidons.
En République islamique d’Iran, il n’y a pas des méchants, des traditionalistes durs, ou des gentils modérés, réformateurs. Ils sont tous faits du même bois.
Nazanin Zaghari-Ratcliffe: Double-National … Rançon
Nazanin Zaghari-Ratcliffe et sa petite fille sont les derniers d’une longue liste des otages des ayatollahs: Zahra, Ghoncheh, Jason, Sarah, Kamal, Kourosh, Amir, Ramin, Nassim, Tahereh … La liste est longue et va être plus longue à l’avenir.
Tous sont allés en Iran, enthousiastes, tous ont voulu faire connaître la grandeur de l’Iran à leur entourage occidental. Naïvement, ils se sentaient en sécurité et heureux, jusqu’à ce qu’ils soient devenus des otages et emprisonnés en silence d’abord.
Puis l’omertà a été brisée, des pétitions ont été signées par une écrasante majorité des citoyens occidentaux et beaucoup trop peu par les Iraniens. Où sont les voix nos voix?
Aucun citoyen ne mérite cela. Ce ne sont pas des cas basés sur les subtilités des lois iraniennes et le système judiciaire. Ce sont carrément les violations des droits humains par un troupeau de bêtes religieuses.
Cette fois, Nazanin et Gabriella sont les otages: une mère et un bébé, les plus sacrés dans toutes les civilisations humaines.
Ce sont des prises d’otages barbares, par un régime Islamiste qui devient de plus en plus arrogant et audacieux. Il n’y a pas de force pour s’y opposer.
L’ironie n’est que plus amère. Les Iraniens qui souffrent le plus de la situation, sont ceux qui soutiennent la théocratie despotique par leur silence, par leur ignorance des faits, par l’apathie.
Le pouvoir de changer les choses est entre nos mains, les Iraniens, si nous le voulons.
Pour l’instant, l’inaction et l’apathie sont notre humiliation.
On peut intervenir pour Nazanin et Gabriella:
https://www.change.org/p/david-cameron-mp-free-nazanin-ratcliffe
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