Depuis que la Révolution Islamique de l’Iran triomphe, aux dires de ses ayatollahs, la vie sociale en Iran est souillée par la lapidation pour adultère et la pendaison pour les homosexuels.
Avec la gracieuse autorisation de l’auteur, Alinda Dufey, nous reproduisons ici, un article publié dans l’hebdomadaire Vigousse.
Cris persans, Homosexualité
Une belle et triste histoire d’amour entre deux jeunes femmes dont l’une a les cheveux bleus … Avant d’être un film récompensé à Cannes, La vie d’Adèle est avant tout une bande dessinée, dont Abdellatif Kechiche s’est librement inspiré. Intitulée Le bleu est une couleur chaude, cette œuvre illustrée de la Française Julie Maroh a parue en 2013 aux Editions Glénat.
Plus pudique et sombre que l’œuvre cinématographique, cet album a profondément ému la poétesse iranienne Sepideh Jodeyri, qui a traduit l’œuvre en persan. Mais au pays des ayatollahs, les histoires de cœur et de cul entre deux nanas, ça ne passe pas. A peine mis en vente, l’album a provoqué l’ire des religieux conservateurs, qui ont laissé éclater leur haine féroce contre l’auteur et, au passage, les femmes et les homosexuels.
Sepideh Jodeyri, qui heureusement pour elle vie à Prague, est devenue la cible d’un véritable lynchage médiatique. Qualifiée de tous les noms, rendue coupable de tous les maux, elle est désormais l’ennemi public numéro un en Iran. Et la campagne de calomnie ne s’arrête pas là. Le Ministère de la culture, qui a soutenu financièrement le travail de l’écrivaine, est critiqué de toutes parts et risque «le nettoyage de printemps». Son éditeur, lui, accuse sans répit les coups bas: ses subventions lui sont petit à petit retirées et il risque fort de perdre son autorisation d’exercer.
Quant au directeur du musée qui devait accueillir le vernissage de son dernier recueil de poèmes, il s’est tout bonnement fait virer.
Tout ça à cause d’une BD romantique … les fanatiques ont définitivement une case en moins.
Publication: Vigousse, no 227- 20 mars 2015.
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